On peut classifier les éoliennes suivant leur taille ou suivant leur principe de fonctionnement.
Classification selon la taille
On définit différentes classes de taille d’éoliennes. En théorie, il n’y a pas de relation directe entre la hauteur et la puissance de l’éolienne. En effet, cette puissance dépend essentiellement de la surface balayée par le rotor qui n’est pas toujours fonction de la hauteur de l’éolienne, mais du diamètre du rotor. Néanmoins, dans le cas des grandes éoliennes, une règle de bonne pratique veut que la hauteur du mât, L, soit égale au diamètre du rotor, D. Dans ce cas, il y a un lien indirect entre la hauteur du mât et la puissance. Dans le tableau suivant sont repris les dénominations de taille et les ordres de grandeur de puissances associées. Attention, il s’agit bien d’ordres de grandeur de puissance. Le but est uniquement de se donner une idée. En outre, cette puissance n’a de sens que si on a défini la vitesse de vent à laquelle elle est délivrée.
![Graphe diamètre rotor / puissance Graphe diamètre rotor / puissance](https://energieplus-lesite.be/wp-content/uploads/2019/03/eolienne_rotor_puissance.png)
Illustration de la relation entre le diamètre du rotor et la puissance électrique de sortie basée sur les données techniques de 62 modèles récents d’éoliennes.
Dénomination |
Diamètre du rotor [m] |
Aire balayée [m²] |
Puissance [kW] |
Micro |
0.5-1.25 |
0.2-1.2 |
0.1-0.4 |
Mini |
1.25-3 |
1.2-7.1 |
0.4-2 |
Domestique |
3-10 |
7-79 |
2-30 |
Petite commerciale |
10-20 |
79-314 |
30-120 |
Moyenne commerciale |
20-50 |
314-1963 |
120-750 |
Grande commerciale |
50-100 |
1 963-7854 |
750-3 000 |
Géante commerciale |
100-170 |
7 854-22 686 |
3 000-8 000 |
Classification des éoliennes suivant la taille et ordre de grandeur associé.
Pour être plus parlant, on trouve classiquement ces éoliennes pour les applications suivantes :
- Micro-éoliennes : en général pour couvrir des besoins très limités et sites isolés (par exemple, des sites de pèche, des bateaux, des caravanes).
- Mini-éoliennes : essentiellement pour recharger des batteries sur des sites isolés du réseau, les plus puissantes peuvent servir pour l’alimentation domestique hors du réseau (maisons isolées).
- Eoliennes domestiques : elles balayent un spectre assez large allant de rotors de 3 à 10 m de diamètre. C’est typiquement le genre d’éoliennes proposées pour les particuliers.
- Petites éoliennes commerciales : elles sont typiquement conçues pour les petites entreprises, les fermes, … mais il existe très peu de modèles produits dans cette gamme.
- Moyennes éoliennes commerciales : elles sont typiquement utilisées pour les applications commerciales dans des fermes, des usines, des entreprises voire des petits parcs éoliens.
- Eoliennes grands commerciales : ce sont les éoliennes que l’on trouve dans les parcs éoliens modernes, ce sont aussi les plus efficaces.
- Eoliennes commerciales géantes : ce sont les éoliennes que l’on trouve dans les parcs éoliens modernes et également en offshore, elles sont très efficaces et issues des dernières générations technologiques.
Dans la course au gigantisme, l’éolien ne fait pas figure d’exception. Si les modèles de 9 MW sont déjà à l’ordre du jour, certaines sociétés n’hésitent pas à parler de diamètres avoisinant les 400 m (!) pour atteindre des puissances de 50 MW !!!
Classification selon le principe de fonctionnement
Eoliennes à axe horizontal ou vertical
Les plus connues sont les éoliennes à axe horizontal (HAWT, horizontal axis wind turbine). Leur typologie est souvent identique. A la base, on a un mât sur lequel est placée la nacelle. Cette nacelle contient la génératrice ainsi que le système de transmission, c’est-à-dire les éléments d’accouplement mécanique entre le rotor et la génératrice. Celle-ci convertit l’énergie mécanique en énergie électrique.
![Photo principe éoliennes à axe horizontal ou vertical. Photo principe éoliennes à axe horizontal ou vertical.](https://energieplus-lesite.be/wp-content/uploads/2019/03/csm_RTEmagicC_nacelleouverte.jpg_9838f97084.jpg)
En suivant le sens de parcours du vent, le rotor peut être placé en amont ou en aval de la nacelle. Cette dernière configuration a été à la mode, mais devient anecdotique. Elle présentait l’avantage que la nacelle et le rotor se mettent automatiquement face au vent. Lorsque le rotor se situe en amont, il faut un dispositif particulier pour que l’éolienne se positionne correctement. Par exemple, on peut trouver une aile fixe verticale qui stabilise l’éolienne face au vent (même principe que la gouverne verticale d’un avion) ou un moteur qui réalise cette tâche. On parlera alors d’un dispositif de positionnement passif ou actif, respectivement.
![](https://energieplus-lesite.be/wp-content/uploads/2019/03/RTEmagicC_Axe_horizontal_Girouette.gif.gif)
Distinction entre éoliennes à axe horizontal avec le rotor placé en amont avec gouverne (figure gauche), en amont avec contrôle actif (figure centrale) et en aval (figure de droite).
L’avantage du rotor placé en aval est qu’il se positionne naturellement face au vent, c’est-à-dire de manière passive. Par contre, le vent est d’abord perturbé par la nacelle et le pylône avant d’agir sur le rotor. D’une part, le régime de vent devient non uniforme sur la surface balayée par le rotor. Cela engendre des contraintes mécaniques variables dans le temps ce qui provoque une usure prématurée du matériel (phénomène de fatigue mécanique). D’autre part, le vent perturbé vient impacter les ailettes de l’éolienne ce qui a tendance à générer beaucoup de bruit (bruit d’origine aérodynamique). Pour ces deux raisons, on préfère la configuration avec le rotor en amont. En effet, le vent est moins perturbé avant de rencontrer les pales de l’éolienne (à moins qu’un obstacle se trouve en amont, mais ce n’est idéalement pas le cas). Finalement, on peut dire que l’éolienne à axe horizontal avec le rotor en amont est devenue le standard, en tout cas pour les applications de puissance élevée.
On rencontre aussi des éoliennes à axe vertical (VAWT, vertical axis wind turbine) pour les applications de petite voire de moyennes puissances. Les avantages de cette configuration sont que l’éolienne est toujours bien positionnée par rapport au vent, que le dispositif d’accouplement ainsi que la génératrice se trouvent au niveau du sol ce qui facilite la maintenance. En outre, de par les diamètres de rotor inférieurs aux éoliennes à axe horizontal, les vitesses absolues sont plus faibles ce qui, du moins théoriquement, devrait engendrer moins de bruit.
Classiquement, on distingue deux grandes familles parmi les éoliennes à axe vertical. D’une part, on trouve les éoliennes basées sur la « portance » dont la plus connue est le modèle de « Darrieus » et, d’autre part, les éoliennes basées sur la « trainée » dont la plus connue est le modèle de « Savonius ». On invite le lecteur qui veut approfondir ces concepts à consulter des sites spécialisés. Retenons néanmoins que par le principe physique qui anime ces modèles, elles donnent peu de couple au démarrage. Par conséquent, elles ne démarrent qu’à une certaine vitesse de vent, ou il faut assurer mécaniquement le démarrage de l’éolienne pour qu’elle fonctionne.
![](https://energieplus-lesite.be/wp-content/uploads/2019/03/csm_RTEmagicC_Trainee-Portance.gif_e0d3140469.gif)
Illustration des deux grands types d’éoliennes à axe vertical : les éoliennes de type Savonius en haut, basées sur la trainée, et les éoliennes de type Darrieus en bas, basées sur la portance. Les figures du haut montrent une coupe horizontale du rotor vue selon un axe vertical. Les figures du bas montrent une coupe horizontale du rotor d’éoliennes Darrieus. Le rotor peut avoir une forme en « phi », en « delta », en « H », etc.
![](https://energieplus-lesite.be/wp-content/uploads/2019/03/RTEmagicC_savon.jpg.jpg)
Exemple d’éolienne Darrieus (à gauche) et Savonius (à droite).
Dans l’histoire des éoliennes, on trouve de manière cyclique un regain d’intérêt pour les éoliennes à axe vertical. Les nouveaux concepts proposés sont sensés dépasser les limites technologiques du standard actuel qui est l’éolienne à axe horizontal avec rotor en amont. Pour répondre de manière nuancée, voici quelques éléments de réflexion pour situer le débat sur ces VAWT :
- En ce qui concerne les nouvelles éoliennes à axe vertical, il s’agit souvent de la redécouverte de vieux concepts.
- De manière générale, on manque de retour d’expérience sur le comportement des nouvelles éoliennes à axe vertical, notamment en ce qui concerne leurs performances aussi bien techniques que d’un point de vue économique.
- Beaucoup d’experts qui ont accumulé une longue expérience dans l’éolien sont sceptiques.
- Beaucoup d’effets d’annonce sur les performances de ces nouveaux concepts sans pour autant les valider : absence récurrente de certification IEC (commission électrotechnique internationale) de la plupart de ces machines [APERe].
Pour résumer la situation, nous reprenons le point de vue nuancé de Paul Gipe : « Avec des éoliennes à axe vertical, on peut dans certains cas réaliser les mêmes performances technico-économiques qu’avec des éoliennes à axe horizontal, mais plus que probablement pas mieux« .
Propriétés des éoliennes à axe vertical par rapport aux modèles standards |
Avantages |
Inconvénients |
Simplicité. |
Parfois oui, on peut arriver à un concept plus simple |
Parfois non, on n’aboutit pas systématiquement à plus de simplicité |
Meilleure fiabilité. |
|
Peu probable, mais peu de retour d’expérience. |
Positionnement. |
Toujours bien placé par rapport au vent. |
|
Entretien. |
Equipement au niveau du sol. |
|
Prix. |
Moins cher, mais le rendement est-il égal ? |
|
Rendement mécanique (transformation énergie du vent). |
Meilleur rendement en vent turbulent/changeant. (Cas des implantations urbaines ou proches du sol). |
Peu de retour d’expérience. |
Rendement économique. |
|
Peu de retour d’expérience. |
Émission de bruit. |
Théoriquement moins bruyantes parce que les vitesses sont plus faibles. |
|
Tableau récapitulatif des propriétés des éoliennes à axe vertical par rapport aux modèles conventionnels d’éoliennes.
Distinction selon le nombre de pales
On peut faire une distinction entre les éoliennes suivant le nombre de pales.
![](https://energieplus-lesite.be/wp-content/uploads/2019/03/csm_RTEmagicC_Axe_horizontal.gif_5fe776d89d.gif)
Distinction entre éoliennes à axe horizontal selon le nombre de pales.
![](https://energieplus-lesite.be/wp-content/uploads/2019/03/RTEmagicC_397px-Windmill_D1__Thornton_Bank_.jpg.jpg)
Dans le cas des éoliennes à axe horizontal, la plupart des éoliennes ont 3 pales. En fait, il s’agit du meilleur compromis entre différentes contraintes. Une éolienne à 3 pales (ou plus) tourne plus régulièrement qu’une éolienne à 1 ou 2 pales, on a un meilleur équilibre du rotor. D’un point de vue esthétique, les effets de battement visuel sont plus importants pour les éoliennes à moins de 3 pales. Le rendement aérodynamique, c’est-à-dire la capacité à convertir l’énergie du vent en énergie mécanique (et donc, in fine, en électricité), est équivalent de 2 à 4 pales. Il augmente sensiblement à partir de 5. Le seul avantage d’avoir une éolienne à deux pales plutôt qu’à trois est qu’elle sera meilleur marché, mais elle tournera de manière moins régulière ce qui est synonyme de durée de vie plus courte. On ne monte pas au-delà de 4 pales à cause de la diminution de la tenue mécanique : en effet, la « corde » des pales diminue avec le nombre de pales.
Nombre de pâles |
1 |
2 |
3 |
4 |
5 |
Équilibre du rotor |
– |
– |
+ |
+ |
+ |
Esthétique (effet de battement visuel) |
– |
– |
+ |
+ |
+ |
Rendement aérodynamique |
– |
= |
= |
= |
+ |
Bruit et fatigue |
– |
– |
+ |
+ |
+ |
Tenue mécanique |
+ |
= |
= |
– |
– |
Tableau récapitulatif des propriétés des éoliennes à axe horizontal en fonction du nombre de pales.
Pour conclure cette rubrique, on peut mettre en garde contre certaines conclusions intuitives qui peuvent induire en erreur. Dans le cas des éoliennes à axe vertical, il existe des modèles avec un grand nombre d’ailettes donnant à l’ensemble un aspect très compact. Cette forte densité n’est pas nécessairement synonyme de meilleures performances (aérodynamiques). Comme il sera montré par la suite, la puissance dépend essentiellement de la surface balayée par le rotor. Or, cette surface ne varie pas en augmentant le nombre de pales. Tout au plus, on balaye cette surface de manière plus efficace. Néanmoins, on peut aussi alourdir inutilement la structure ce qui grève les performances.
Distinction selon la protection contre les vents importants
C’est un aspect fondamental. En effet, en présence de vents importants ou de rafales, il s’agit d’éviter les contraintes mécaniques trop importantes et les vitesses de rotation excessives, c’est-à-dire d’éviter la casse, d’assurer l’intégrité du matériel.
On distingue d’une part les stratégies de contrôle par l’aérodynamique. On joue sur l’orientation des ailes pour modifier leurs propriétés aérodynamiques et donc réduire la force exercée par le vent.
- Soit on réduit l’angle d’attaque des pales qui présentent alors un rendement plus faible. On peut aller jusqu’à mettre les pales face au vent où elles seront soumises à une force nulle.
- Soit on augmente l’angle d’attaque jusqu’au décrochage du profil (« stall control » en anglais).
Une autre manière de procéder est de placer directement un frein aérodynamique sur l’aile (mais cela est physiquement équivalent à chercher le décrochage).
Ces modifications des propriétés aérodynamiques peuvent être réalisées sur l’entièreté de l’aile ou sur seulement une fraction de celle-ci, par exemple sur le bout d’aile.
À noter que l’on peut jouer sur l’orientation de l’éolienne à axe horizontal. Dans ce cas de figure, il s’agit de réduire la surface présentée au vent par le rotor de l’éolienne en la décalant par rapport à la direction du vent. Comme cette surface est réduite, la puissance du vent est directement réduite. Typiquement, on décale l’éolienne à gauche ou à droite suivant son axe vertical, soit on place l’éolienne en « hélicoptère » en tirant le rotor vers l’arrière.
D’autre part, on trouve le freinage dynamique ou électrique. Dans ce cas, c’est un frein mécanique qui limite la vitesse de rotation. Cette fonction peut être réalisée par le génératrice électrique.
Le freinage aérodynamique est une stratégie dont on ne peut se passer pour les grandes éoliennes. On peut se limiter au freinage dynamique que pour les éoliennes de faible puissance.
Distinction selon le mode de régulation de la vitesse du rotor : vitesse constante ou variable
Le rendement aérodynamique instantané, ou coefficient de performance, d’une éolienne dépend du rapport entre la vitesse en bout de pales et la vitesse du vent (évaluée bien en amont de l’éolienne) :
Lambda = tip speed ratio (TSR) = u/V,
avec,
- u, la vitesse en bout de pale induite par la vitesse de rotation du rotor,
- et V, la vitesse en amont de l’éolienne.
Pour optimiser la conversion de la puissance du vent en puissance mécanique appliquée au rotor, il faut que se rapport Lambda ne soit ni trop faible, ni trop élevé. Si la vitesse du vent change, la vitesse de rotation de l’éolienne devrait idéalement pouvoir s’adapter pour maintenir le TSR constant et donc toujours travailler avec les meilleurs rendements. Par conséquent, on distingue les éoliennes à vitesse de rotation constante des éoliennes à vitesse de rotation variable. Ces dernières permettent de suivre le régime de vent et d’obtenir de meilleurs rendements en adaptant la vitesse de rotation de l’éolienne.
Il existe une deuxième raison qui justifie de travailler avec une éolienne à vitesse de rotation variable. De part nature, la vitesse du vent est fluctuante. Si l’éolienne a une vitesse de rotation constante alors ces fluctuations de vitesse se traduisent par des fluctuations du couple mécanique exercé sur l’arbre. Nous sommes alors en présence de contraintes mécaniques fluctuantes qui peuvent accélérer l’usure de la transmission entre le rotor et la génératrice. Travailler avec un rotor à vitesse variable permet d’absorber les fluctuations de vitesse par une accélération de la vitesse du rotor.
Une éolienne à vitesse de rotation variable suppose d’avoir systématiquement recours à de l’électronique de puissance. Fort heureusement, cette technique a évolué très positivement ces dernières années ce qui permet de conserver un bon rendement et un prix acceptable. Par conséquent, le choix d’une éolienne à vitesse de rotation variable est tout à fait abordable et cohérent. Néanmoins, il faut savoir qu’une éolienne à vitesse de rotation constante reste, théoriquement du moins, plus simple.