150 m² de capteurs solaires thermiques à la résidence 3ème âge Aux Lilas de Bonlez

Introduction

Située au cœur du village de Bonlez, à proximité de Wavre et de Louvain la Neuve, la maison de repos « Aux Lilas » accueille 52 résidents dans 40 chambres individuelles et 6 chambres doubles réparties sur 2 étages.

Totalement rénovée récemment, le choix a été fait de couvrir 100 % de ses besoins en chaleur grâce aux technologies renouvelables.

  • 60 % à 70 % de la préparation de l’eau chaude sanitaire est assurée par des capteurs solaires, le reste par la chaudière du chauffage central.
  • Le chauffage central du bâtiment est assuré par une chaudière à pellets. Le système de chauffage est décrit dans l’étude de cas : 100 % de chaleur verte à la résidence 3ème âge Aux Lilas de Bonlez.

L’installation de chauffage solaire et la chaufferie sont situées dans deux locaux séparés.


Choix de la technologie

Il existe deux types de circuits primaires dans les capteurs solaires thermiques : le système classique, sous pression et le système à drainage gravitaire.

Le système classique sous pression comprend entre autres un vase d’expansion et une soupape de sécurité et de vidange manuelle avec recueil des fluides évacués. Il ne se vidange pas à l’arrêt de la pompe. Le liquide reste dans les capteurs, surchauffe, se vaporise et se détériore avec le temps. De plus, l’utilisation d’antigel dans le fluide solaire est nécessaire, car en hiver, par temps clair, la température des capteurs peut descendre fortement sous 0 °C.
La surchauffe limite techniquement le dimensionnement à environ 40 % à 45 % de fraction solaire (pourcentage d’économie pouvant être réalisé). Ce système nécessite une maintenance plus importante. Il est le seul utilisable lorsqu’il n’est pas possible d’éviter les contre-pentes dans le circuit.

Système classique sous pression.

Le système basé sur le drainage gravitaire (drainback), va permettre aux capteurs solaires de se vidanger de façon naturelle et passive à chaque arrêt de la pompe de circulation. Le fluide est ainsi à l’abri des surchauffes et du gel. Le circuit ne peut évidemment pas présenter la moindre contre-pente.
Ce circuit est rempli partiellement d’air et de fluide solaire. La régulation ordonne à la pompe de fonctionner dès le moment où elle perçoit que de l’énergie solaire peut être délivrée aux ballons d’eau sanitaire. Une fois les ballons à température ou lorsque l’apport énergétique délivré par les capteurs est devenu insuffisant, la pompe est mise à l’arrêt. Le fluide contenu dans les capteurs redescend par gravité dans le réservoir de drainage placé en chaufferie. Il prend la place occupée par l’air qui remonte naturellement vers les capteurs. Les capteurs sont alors hors gel et hors surchauffe. Au contraire du fluide dans un système sous pression, l’air peut être chauffé et comprimé sans se dégrader de façon irréversible et sans endommager le reste de l’installation.

Système à drainage gravitaire.

A Bonlez, c’est le système à drainage gravitaire qui a été placé. Grâce à cela, une plus grande surface de capteurs solaires a pu être installée sans risque de surchauffe.

Les apports solaires dépendent de la surface des capteurs solaires. Le graphique ci-dessus montre bien que l’augmentation de la surface de capteurs permise grâce au système gravitaire fait passer la fraction solaire de 40-45 % à 60-70 %.


Choix de la surface optimale

L’énergie nécessaire pour chauffer l’eau chaude sanitaire de la maison de repos est de : 67 240 kWh par an.

Plus on place de surface de capteur solaire, plus on couvrira une partie importante du besoin en énergie avec de l’énergie solaire, plus le coût de l’installation augmentera également.

Des simulations sont effectuées pour différentes surfaces de capteurs et différents volumes de stockage pour déterminer pour chacune d’elle l’apport solaire total annuel et donc la fraction solaire.

 

Fraction solaire en fonction de la surface du capteur.

Résultat des simulations.

Les aides publiques favorisant l’installation d’un système solaire thermique en Région wallonne étant liées au nombre de lits, la courbe du coût total du chauffage de l’eau de l’eau sur 20 ans possède un point bas marqué pour environ 200 m² de capteurs solaires.

Coût total pour chauffer l’eau sur 20 ans.

Ce point bas reste le même pour les trois scénarios de l’évolution de l’énergie.

  • Scénario 1 : le prix du pétrole évolue comme il l’a fait les 15 dernières années.
  • Scénario 2 : le prix du pétrole évolue un peu moins.
  • Scénario 3 : le prix du pétrole évolue beaucoup moins.

Influence du prix du pétrole sur le coût total.


Le choix du client

Le client a choisi une installation de dimensions légèrement inférieures à l’optimum pour réduire son investissement de départ tout en conservant une fraction solaire élevée. La surface des capteurs correspond également à la surface disponible en toiture ce qui optimise les coûts.

Le tableau ci-dessous compare pour le scénario 1 (le prix du pétrole évolue comme il l’a fait les 15 dernières années) les résultats pouvant être théoriquement atteints en fonction des différents choix :

  • sans solaire;
  • système solaire classique;
  • système solaire optimum;
  • système solaire choisi par le client.

Le client a choisi une installation de dimensions légèrement inférieures à l’optimum pour réduire son investissement de départ tout en conservant une fraction solaire élevée.


L’installation réalisée

Schéma de l’installation telle qu’elle a été réalisée.

5 lignes de 12 capteurs de 2.5 m² ont été installées, pour une superficie totale de 150 m².

Les capteurs solaires.

Il y a 7 réservoirs de stockage.

Les réservoirs de stockage.

Un échangeur à plaque est placé entre le circuit primaire et le circuit secondaire. Le système du circuit primaire est à drainage gravitaire. Un réservoir de drainage isolé thermiquement de 400 litres recueille le fluide du circuit primaire lorsque le système est à l’arrêt.

L’échangeur thermique entre le circuit primaire et le circuit secondaire.

L’eau chaude sanitaire est chauffée par le système solaire thermique grâce à un échangeur à plaques.

L’échangeur à plaque pour le chauffage de l’ECS.

Le boiler pour l’eau chaude sanitaire est situé dans la chaufferie. Le système central du chauffage assure l’appoint nécessaire en cas d’insuffisance solaire.

Le boiler ECS.


Bilans

Bilan énergétique

Les simulations ont montré que la fraction solaire utile est de 63.1 %.
L’énergie économisée par an est de 67 265 kWh x 0.631 = 42 444 kWh.
Cette énergie fournie chaque année par le rayonnement solaire ne doit pas être produite par la chaufferie.

  • 95 % de cette énergie aurait été produite par la chaudière à pellets : 40 322 kWh.
  • 5 % de cette énergie aurait été produite par la chaudière d’appoint au mazout : 2 122 kWh.

Le rendement de la chaudière à pellets étant de 90 %, l’énergie consommée par celle-ci aurait été de 40 322 kWh / 0.90 = 44 802 kWh extraits de la biomasse.

Le rendement de la chaudière à mazout étant de 96 %, l’énergie consommée par celle-ci aurait été de 2 122 kWh / 0.96 = 2 210 kWh extraits d’un combustible fossile.

Gain économique

Au prix du mazout de 2016, soit environ 0.53 €/l (tarif 14/06/2016), le gain économique annuel sur la facture de mazout, consécutif à l’installation du système solaire est d’environ 117.00 €.

Au prix des pellets de 2016, soit environ 0.25 €/kg, le gain économique annuel sur la facture de pellets, consécutif à l’installation du système solaire est d’environ 2016.00 €.

Le gain économique total est donc de 2 133.00 €/an. correspondant à une réduction de la facture de 63 % pour la production d’ECS.

L’avantage économique majeur du système solaire réside dans le prix constant du kWh solaire. Alors que, pour les énergies fossiles ou issues de la biomasse, les scénarios les plus réalistes tablent sur une augmentation des prix de l’énergie dans le futur. Il va de soi que si le prix du combustible double, l’économie financière réalisée est également doublée.

Bilan environnemental

Émissions de CO2 évitées

Chauffer l’eau avec le soleil diminue d’autant la production de CO2. Même si l’énergie utilisée pour chauffer l’eau avait été produite à partir de pellets dont la combustion est censée ne pas produire de CO2 , ceux-ci auraient pu être utilisés ailleurs. La seule production de CO2 proviendrait de la combustion du mazout utilisé comme combustible d’appoint en remplacement des pellets.

Dans ce home, la combinaison du chauffage solaire pour l’ECS avec un appoint produit par la biomasse est particulièrement favorable à la préservation du climat.

Autres Impacts

Les autres impacts positifs d’un tel projet résident dans la visibilité du système solaire, rejaillissant sur l’image « durable » de la maison de repos Aux Lilas.


Partenaires du projet et contacts

Cette étude de cas a été rédigée à l’aide des informations fournies par les entreprises qui ont mis en place les installations et du facilitateur Énergie Solaire Thermique.

  • Service Facilitateur Energie Solaire Thermique – Grands Systèmes – Région wallonne
    Monsieur Bernard HUBERLANT
    FacSolthermWallonie@3E.eu

 

Amélioration de la production d’eau chaude sanitaire au centre de Hemptinne

Amélioration de la production d'eau chaude sanitaire au centre de Hemptinne

© Yves Goethals.


Impossible d’assurer les bains en hiver !

Créé en 1974 sous l’impulsion de l’Association Nationale d’Aide aux Handicapés Mentaux, le centre de Hemptinne héberge 54 personnes adultes atteintes de déficience mentale.

Son objectif est de construire avec ces personnes un monde adapté à leurs capacités, leurs besoins et leurs envies. Il doit allier sécurité et réalisation de soi par le biais d’activités rurales, physiques et créatives.

Le centre, situé à Jauche au milieu des bois et des champs, est installé dans les bâtiments d’un ancien sanatorium datant des années 30. Celui-ci est en cours de rénovation et d’adaptation aux spécificités de sa population. En particulier, les pensionnaires y vieillissent.

Pour répondre à cette problématique, plusieurs projets sont en chantier : aménagement des salles de bain, adaptation des activités, construction d’ateliers d’occupation et de loisir, rue intérieure, …

Actuellement, le centre comprend 6 salles de bains avec 2 baignoires. Chaque matin et chaque soir, ce sont ainsi 54 bains qui sont donnés. Malheureusement, depuis de nombreuses années, les problèmes apparaissent avec l’hiver : par grand froid, seuls 12 bains peuvent être remplis avec une température d’eau convenable. À partir du 13ème remplissage, la température de l’eau chute rapidement.

L’ancien sanatorium dans les années 30.

Le centre de Hemptinne aujourd’hui.

Avant de devenir le responsable technique du centre, Mr Jallet y était éducateur. Il connaît donc parfaitement les difficultés qu’engendre cette situation. L’inconfort est évidemment intolérable pour les résidents et leur encadrement en est d’autant plus difficile.

C’est pourquoi, sous l’impulsion de son directeur, Mr Asselbourg, il se met un point d’honneur à corriger le plus rapidement possible la situation.


Trois offres différentes

L’eau chaude est produite par deux échangeurs instantanés, combinés à l’installation de chauffage. Au moment des bains, les chaudières ne peuvent pas être dédiées uniquement à la production d’eau chaude. En effet, cette période de plus d’une heure est trop longue et une coupure de chauffage serait trop inconfortable. Chauffage et eau chaude doivent donc pouvoir coexister.

Deux chaudières de 406 kW chacune.

Deux échangeurs sanitaires de 328 kW chacun.

Installation de production combinée de chauffage et d’eau chaude sanitaire

Dans un premier temps, Mr Jallet demande à trois installateurs de lui remettre une offre pour la rénovation de la production d’eau chaude sanitaire. Les réponses reçues l’interpellent.

En effet, les trois demandes débouchent sur trois solutions différentes. Le premier installateur estime que la puissance des chaudières est insuffisante pour chauffer simultanément les bâtiments et l’eau chaude. Il propose donc d’installer une nouvelle chaudière de 575 kW et de la coupler aux deux anciennes. Le deuxième installateur suit un raisonnement semblable mais préfère découpler le chauffage de la production d’eau chaude en installant des nouvelles chaudières indépendantes dédiées uniquement aux échangeurs sanitaires. Enfin, la troisième société décide, elle, de compléter les échangeurs par quatre ballons tampon de 500 litres chacun. Ceux-ci auraient une capacité suffisante pour subvenir aux besoins de pointe et se réchaufferaient lentement entre les périodes de bains.

Face à ces propositions, Mr Jallet s’interroge. Tout d’abord, pourquoi trois solutions différentes ?

Ceci signifie-t-il que le problème est plus complexe qu’il n’en a l’air ? Les installateurs ont-ils pris le temps de l’examiner avec précision ? De plus, les investissements préconisés sont importants. Dans ces conditions, comment faire son choix ? Quelle garantie de résultat a-t-on ?


Comprendre avant d’agir

La réflexion de Mr Jallet se précise : en 1979, l’installation de chauffage avait été conçue par un bureau d’études. Celui-ci disposait de tout les éléments de dimensionnement et a sûrement pris des coefficients de sécurité importants. C’était la coutume à l’époque. Alors, tout compte fait, l’installation comprend peut-être tous les éléments nécessaires à un fonctionnement correct. Un simple réglage ou le remplacement d’un équipement défectueux suffisent peut-être simplement pour obtenir le confort recherché. Ceci serait sûrement nettement moins coûteux.

Avec l’aide de l’Institut de Conseils et d’Études en Développement Durable, les responsables du centre décident alors de prendre le temps d’analyser plus en profondeur et surtout de façon « neutre » le comportement de leur installation. Ils pourront décider en connaissance de cause.

Schéma technique.

En tout premier lieu, il faut observer les circonstances exactes d’apparition des problèmes : où et quand apparaît l’inconfort ? Voici 3 questions qui peuvent orienter les débats :

Les problèmes sont-ils récents ou ont-ils toujours existés ?

S’ils ont toujours existé, c’est la conception de l’installation qui est en cause (dimensionnement des équipements, mauvais dessin de l’installation, …). S’ils sont récents, il faut repérer les circonstances d’apparition des plaintes. Par exemple, le repiquage d’un nouveau circuit sur l’installation existante peut perturber le fonctionnement hydraulique de celle-ci, des travaux sur l’installation peuvent provoquer un transfert de sédiments et bloquer des éléments, un échangeur peut s’entartrer progressivement, un circulateur tomber en panne,…

Les problèmes sont-ils saisonniers ?

S’ils n’apparaissent qu’en hiver, c’est que la collaboration avec le chauffage se passe mal.

S’ils apparaissent aussi en été, ce sera plutôt l’appareil de production d’eau chaude seul qui sera mis en cause. Par exemple, la puissance de l’échangeur est peut-être insuffisante.

Y-a-t-il des problèmes pour tous les utilisateurs ?

Si seuls les utilisateurs les plus éloignés de la production sont concernés, c’est du côté de la distribution d’eau chaude qu’il faut chercher. Si par contre, tous les points de puisage sont touchés, c’est la production qui devrait être suspectée.

Dans le cas présent, le manque d’eau chaude survient pour tous les utilisateurs lorsque les demandes d’eau sanitaire et de chauffage sont maximales, c’est-à-dire, en plein hiver, au moment des bains.

Dans ce cas, en quoi le chauffage peut-il influencer la production d’eau chaude ?

Premièrement, une puissance insuffisante des chaudières ne permettra pas aux échangeurs d’être alimentés à la bonne température. C’est la cause directement retenue par les installateurs consultés.

Un deuxième phénomène peut cependant intervenir. En plein hiver, les vannes (mélangeuses, thermostatiques, …) sont pour la plupart ouvertes en grand. La demande en débit des circuits de chauffage est donc maximum. Si leurs circulateurs ont été surdimensionnés, les débits appelés risquent d’être trop importants. Les échangeurs sanitaires sont alors privés d’un débit suffisant.


Vérification des puissances installées

Pour vérifier la puissance des chaudières, il faut connaître les besoins en chauffage et en eau chaude sanitaire. On peut estimer les besoins en eau chaude sanitaire par un relevé des puisages effectués durant les heures de pointe.

Les estimations ont été confirmées par le placement d’un compteur d’eau sur l’alimentation de chaque échangeur. Les relevés des compteurs ont indiqué un puisage de pointe en 10 minutes de 727 l d’eau à 60°C.

Estimation des puisages maximum simultanés

Utilisation Besoins en eau à 60°C
12 baignoires 12 x 60 l/10 min.
5 lave-linge 5 x 10 l/10 min.
12 éviers SDB 12 x 4 l/10 min.
6 bacs cuisine 6 x 12 l/10 min.

Total

890 l à 60°C puisée en 10 min.

Les compteurs d’eau sont indispensables pour connaître précisément les besoins en eau chaude et donc pour dimensionner correctement les installations de production. Par la suite, ils permettent de suivre les consommations d’eau chaude et donc de détecter des fuites éventuelles, des dérives ou encore l’impact de points de puisage économiques.

Les besoins maximaux en chauffage ont été estimés grâce à un calcul des déperditions thermiques des bâtiments.

Puissances estimées
Besoins en eau chaude 2 x 155 kW
Besoins en chauffage 500 kW

Total

810 kW

Puissances réelles

Puissance nominale chaudières 812 kW
Puissance nominale échangeurs 2 x 328 kW

On constate deux choses. Premièrement, les échangeurs installés sont surpuissants. Ensuite la puissance des chaudières est théoriquement suffisante pour répondre à la demande. « Théoriquement » parce que, comme on le découvrira un peu par hasard ensuite, elles ne fonctionnent pas dans leurs conditions nominales.

De plus, on peut observer que par les plus grands froids, les chaudières ont du mal à maintenir leur température de consigne en période de bains. En première approche, on peut cependant supposer que le léger manque de puissance des chaudières n’est pas la cause principale de l’inconfort.


Interférence entre les circuits

Si la production de chaleur n’est pas en cause, il faut se tourner vers la distribution. En hiver, les échangeurs sont-ils alimentés à leur débit nominal ?

Il est possible de mesurer le débit d’un circulateur avec un simple manomètre. On peut dès lors comparer les mesures aux besoins estimés tant en chauffage que pour les échangeurs.

Mesure du débit des circulateurs grâce à un manomètre.

Les résultats obtenus sont significatifs. Lorsque l’on force les vannes mélangeuses des circuits de chauffage à s’ouvrir en grand (simulation du plein hiver), le débit dans les échangeurs d’eau chaud sanitaire chute en dessous du débit minimum nécessaire. Ceci signifie que les circulateurs « chauffage » sont surdimensionnés et qu’à l’ouverture des vannes, ils « court-circuitent » une partie du débit dédié aux échangeurs sanitaires. On retrouve d’ailleurs un indice de ce surdimensionnement à l’intérieur des locaux où la vitesse excessive de l’eau se fait entendre dans les radiateurs.

Le surdimensionnement des circulateurs est chose courante. Tout d’abord parce que lors de la conception, les bureaux d’études appliquent un certain nombre de coefficients de sécurité. Par la suite, au cours de la vie de l’installation, un circulateur défectueux est remplacé au mieux par un circulateur identique, au pire par le circulateur que l’on possède en réserve et qui a des caractéristiques suffisantes par rapport à l’ancien modèle. De fils en aiguilles, les caractéristiques des circulateurs originaux sont oubliées et l’installation ne correspond plus aux calculs de dimensionnement.

La plupart des circulateurs actuels possèdent un réglage de vitesse (de 1 à 3 ou 4 vitesses). La tendance naturelle veut, comme c’était le cas au Centre de Hemptinne, que tous les circulateurs soient réglés sur leur vitesse maximum. Ceci nous laisse cependant une possibilité d’amélioration. Par mesure de débit, on constate en effet qu’il est possible d’assurer le chauffage avec les circulateurs réglés en vitesse 2, ce qui a pour conséquence d’augmenter les débits dans les échangeurs sanitaires.

Mesure des débits pour le circuit 1
Vitesse du circulateur chauffage
[Tours/min]
Débit circuit chauffage
[m³/h]

Débit échangeur ECS
[m³/h]

1 410 15 7
1 140 14 11
680 8,5 11

Besoins calculés

12 9

Un échangeur encrassé !

Cependant, malgré un débit primaire maintenant suffisant, les échangeurs ne donnent pas entière satisfaction. La température de consigne de l’eau chaude (55°C) ne peut être atteinte. Tout au plus délivre-t-on une eau à 45°C. En fait l’échange de chaleur au sein de l’échangeur sanitaire se fait très mal. L’eau en provenance de la chaudière retourne pratiquement aussi chaude qu’elle n’est arrivée.

L’échange de chaleur peut être freiné soit par un entartrage du côté secondaire, soit par un embouage du côté primaire. On penche pour la première solution. En effet, les échangeurs ne sont détartrés que manuellement une fois par an par le service technique du Centre. Celui-ci est conscient que le travail ne peut être correctement réalisé (pas de mise sous pression, pas de dosage correct des réactifs, …). Cependant puisqu’en été, la quantité d’eau chaude délivrée est suffisante, ce problème avait été considéré comme secondaire.


Perte de puissance des chaudières

Entre-temps,le brûleur d’une des deux chaudières a rendu l’âme. Lors du démontage et de l’entretien, on remarqua que certains tubes de fumées des chaudières étaient pratiquement bouchés par des agglomérats de suies et d’acier corrodé. Il apparut clairement alors que les chaudières dont on avait jugé la puissance théoriquement suffisante, ne pouvaient plus délivrer leur puissance nominale.

Un des deux brûleurs modulants rend l’âme.


Trois améliorations

On voit que la solution au problème posé n’est pas unique. C’est à une combinaison de trois éléments que l’on a affaire :

  • manque de débit dans les échangeurs sanitaires,
  • entartrage de ces échangeurs,
  • manque de puissance des chaudières par corrosion.

Il n’est dès lors même pas certain que les trois premières propositions d’amélioration remises par les installateurs auraient, toutes, donné satisfaction. Rajouter une chaudière dans la cascade sans jouer sur l’hydraulique n’aurait en tout cas servi à rien. Les investissements à consentir pour mettre en ordre l’installation sont, en outre, nettement moindres que ce qui avait d’abord été prévu.

Pour rétablir le confort, il faut donc agir sur trois fronts.

> Tout d’abord, diminuer la vitesse des circulateurs « chauffage ». Ceci n’est possible que sur un des deux circulateurs, le deuxième ne possédant pas de sélecteur de vitesse. Des mesures effectuées sur le premier circulateur ont montré que le passage de la vitesse maximum à la vitesse intermédiaire serait suffisant pour garantir le débit nominal dans l’échangeur. L’autre circulateur doit être remplacé. Il fut, malgré tout, décidé de remplacer les deux circulateurs par des circulateurs à vitesse variable. Ceux-ci ont deux avantages : un réglage précis du débit maximum et une variation automatique de la vitesse en fonction de la demande de chaleur.

Il en résulte une économie d’énergie électrique et une diminution du sifflement des vannes thermostatiques lorsque beaucoup d’entre elles se ferment.

Nouveau circulateur à vitesse variable.

> Un des deux échangeurs fut détartré en usine par le fabricant. Cette opération fut réalisée en moins d’une journée. L’échangeur fut enlevé après les bains du matin et replacé avant la toilette du soir. Le fabricant n’a pas garanti la résistance mécanique du deuxième échangeur. Celui-ci fut donc immédiatement remplacé par un nouvel échangeur à plaques.

Nouvel échangeur à plaque.

> Enfin, le brûleur défectueux fut remplacé par un nouveau brûleur à deux allures. Celui-ci fut choisi pour pouvoir être adapté, dans le futur, à une chaudière légèrement plus puissante. Dans les deux chaudières, les tubes de fumée bouchés furent nettoyés et les pièces abîmées (spirales) furent remplacées.

Comparaison des solutions proposées
 Premières propositions Coût (€)
Une chaudière en plus dans la cascade 30,625 €
Chaudières dissociées pour l’eau chaude 14,390 €
Quatre ballons complémentaires 19,307 €
 Solutions retenues
Deux circulateurs à vitesse variable 1,218 €
Un détartrage* 691 €
Un nouvel échangeur* 4,417 €
Deux compteurs d’eau* 896 €
Nettoyage et réparation des chaudières* 1,774 €
Nouveau brûleur* (3 629 €)
Un manomètre 63 €
 Total sans brûleur 9,059 €

*Les investissements réalisés peuvent aussi être considérés comme de l’entretien ou faisant partie de la gestion courante de l’installation. Par exemple, le brûleur devait être remplacé, les échangeurs devaient de toute façon être détartrés, les compteurs d’eau serviront au suivi des consommations,…


Conclusion : développer une vision globale de l’installation

« Il fait trop froid, il faut augmenter la puissance, des chaudières, des circulateurs, des radiateurs, … ! »

Ce raisonnement réducteur est très courant. Il conduit à des sur-investissements qui, la plupart du temps ne donnent pas satisfaction ou pire, aggravent la situation.

Il est extrêmement rare de rencontrer des installations sous-dimensionnées. Par exemple, une enquête suisse a montré que le débit des circulateurs est en moyenne 2,5 fois trop élevé ! Et que dire des chaudières ! Un raisonnement semblable peut donc être tenu pour les autres éléments de l’installation.

Pour établir des priorités d’intervention, il faut prendre le temps d’examiner de façon globale l’ensemble de l’installation, de la production à l’émission en passant par la distribution et la régulation. Il faut aussi aiguiller les recherches en repérant les circonstances d’apparition des plaintes : où et quand se plaint-on ?

On en arrive alors souvent à détecter un dysfonctionnement hydraulique : déséquilibre de l’installation, interférence entre les circuits. Une partie du réseau présentant moins de résistance court-circuite une partie importante du débit au détriment d’autres.

Un autre aspect que l’on néglige aussi est d’agir par la diminution des besoins. Plutôt que d’essayer d’augmenter la puissance des installations, pourquoi n’essayerait-on pas de diminuer les besoins ? C’est ce qui sera réalisé prochainement au Centre de Hemptinne. Dans le cadre de la rénovation des salles de bain, les baignoires seront en partie remplacées par des douches. Celles-ci consomment au minimum deux fois moins d’eau chaude.

Pour conclure, prenons un autre exemple, celui du Foyer International des Étudiants à Liège.

Dans ce centre d’hébergement, les locataires se plaignaient aussi d’un manque d’eau chaude sanitaire. Les responsables de l’institution ont dès lors envisagé de placer des ballons supplémentaires.

Un élément leur a cependant sauté aux yeux : la consommation d’eau importante de l’institution. En effet, cette dernière s’élevaità 217 litres par jour et par personne, alors que ce ratio n’est que de 80 litres dans un ménage moyen ! Dès lors plutôt que d’augmenter la capacité de production d’eau chaude, il fallait en diminuer la consommation. Des simples mesures avec un seau et un chronomètre ont montrés que certaines douches débitaient pas moins de 30 litres par minutes (une douche de 5 minutes consommait 150 litres d’eau chaude !).

Actuellement, les pommeaux de douche économiques permettent de ramener ces débits à moins de 8 litres par minute pour une sensation de confort identique. Cette solution a permis de diminuer les consommations d’eau et d’énergie et d’éviter un investissement nettement plus important.

Des capteurs solaires au home La Charmille de Gembloux

Des capteurs solaires au home La Charmille de Gembloux


Synthèse des résultats de l’audit solaire

Projet

Établissement Maison de repos La Charmille
(CPAS de Gembloux)Rue Chapelle Marion, 1 à 5030 Gembloux
Consommations
Eau chaude sanitaire 730 m³ d’eau à 60°C par an
(soit 42 340 kWh/an)
Pertes boucle sanitaire 13 135 kWh/an
Pertes ballons 4 927 kWh/an
(pour 3 ballons)
Électricité pour l’ECS 60 402 kWh/an
(rendement 100 %) [BHU1]
Facture électrique 7 248 €
(selon l’hypothèse de 0.12 €/kWh)
Prédimensionnement du système Eau chaude sanitaire + Appoint gaz
Superficie de capteurs plans 50 m²
Vol. stockage solaire + vol. stockage appoint 1 000 + 1 000 litres
Bilan Énergétique
Économie d’énergie primaire 2 862 m³ de gaz
(soit 28 627 kWh)
Fraction de l’énergie utile non fournie par l’appoint  40.5 % [RDC2]
Bilan Économique
Coût estimé du système
(HTVA, hors subsides)
40 682 € HTVA
Économie annuelle

887 €/an

Coût du kWh solaire 0.072 €/kWh
Bilan Environnemental
Émissions de CO2 évitées par an 5 659 kg CO2/an
Émissions de CO2 évitées sur 25 ans de durée de vie du système 141 tonnes
Coût de la tonne des émissions de CO2 évitée 288 €/tonne

Présentation de l’établissement

Affectation principale

L’établissement audité est une maison de repos et de soins, appartenant au CPAS de Gembloux, qui accueille des personnes âgées valides, semi-valides et invalides.

La maison de repos possède 79 lits ainsi qu’une cuisine.

En annexe à la maison de repos se trouvent les bureaux du CPAS, dont la consommation d’eau chaude n’est pas prise en compte dans le pré-dimensionnement du système solaire.

Taux d’occupation

La maison de repos La Charmille possède un taux d’occupation de 100 % durant la plus grande partie de l’année.

Descriptif de l’installation de production d’eau chaude

Actuellement, l’ECS est produite par 4 ballons électriques (de 1988) de 1 000 litres chacun, raccordés en série (avec une résistance électrique de 10 kW chacun). Un des ballons a rendu l’âme, un autre est sur le point de le faire.

L’eau « devrait » être chauffée durant la nuit sur le tarif exclusif nuit (un compteur dédié au chauffage exclusif nuit a été installé). De fait, étant donné que la consommation d’eau chaude est plus importante que la quantité chauffée la nuit (3 ballons en fonctionnement au lieu des 4 initialement prévus), plusieurs relances en journées sont nécessaires pour maintenir une eau suffisamment chaude.

Combinaison avec le chauffage des locaux

Les locaux sont actuellement chauffés par des accumulateurs électriques statiques datant de la construction du bâtiment, l’eau chaude sanitaire est donc produite de manière indépendante.

Consommation d’électricité du bâtiment

Selon le rapport de l’audit URE remis par l’Institut de Conseils et d’Études en Développement Durable, la consommation annuelle en chauffage est estimée à 670 000 kWh/an pour le chauffage et la production d’eau chaude sanitaire. Le montant total de la facture correspondant à cette consommation est de 33 182,21 € HVAC, soit 0,12 €/kWh (mélange des tarifs exclusif nuit, binôme A et électrothermie).


Estimation de la consommation d’eau chaude

Méthodologie

Étant donné que la consommation d’eau chaude annuelle de la maison de repos La Charmille n’est pas connue, elle doit être estimée à partir des relevés de consommation.

Un compteur a été installé sur l’alimentation en eau froide des ballons d’ECS. Cependant, les relevés de consommation s’avèrent incorrects vu la mauvaise position du compteur sur le circuit d’alimentation. En effet, ce compteur ne prend pas en compte la consommation d’eau froide qui alimente la vanne thermostatique en aval des ballons d’ECS.

Au lieu de changer la place du compteur, nous avons fermé l’alimentation en eau froide de cette vanne thermostatique, d’ailleurs défectueuse. Ainsi, les données de consommation disponibles ne concernent que deux périodes de mesures : du 18 au 25 janvier 2002 et du 16 au 19 avril 2002.

Outre le volume d’eau consommé, il est important de connaître la température d’utilisation. Étant donné le système de production d’ECS (électrique exclusif nuit), cette température évolue tout au long de la journée, contrairement à un système raccordé à une chaudière qui permettrait de respecter une consigne de température constante. On ne peut dès lors pas considérer une température d’utilisation constante équivalente à la consigne de température des ballons (soit 60°C).

Nous avons placé une sonde de température digitale à la sortie des ballons d’ECS. Ces mesures permettent d’affiner la consommation d’énergie nécessaire à la production d’ECS. Par la suite, cette consommation d’énergie est convertie en m³ d’eau chaude à une température de référence de 60°C.

Estimation de la consommation d’eau chaude sanitaire

L’eau chaude sanitaire est utilisée pour les bains, les douches, les lavabos et la cuisine de la maison de repos.

Durant la période de relevé du compteur d’ECS (du 18 au 25 janvier 2002), 21 m³ d’ECS à une température variable ont été consommé, soit 3 m³ par jour. Cette valeur moyenne de consommation est confirmée par la deuxième période de mesures. En effet, entre le vendredi 18 janvier et le vendredi 19 avril, 262 m³ d’ECS ont été consommés en 90 jours, ce qui nous donne une moyenne de 2.9 m³ par jour, valeur très proche des 3 m³.

Pour déterminer la température de consommation, nous effectuons une moyenne arithmétique des mesures de température obtenues avec la sonde entre le 18 et le 25 janvier 2002. Cette température moyenne est égale à 41°C. Convertis en eau chaude à la température de référence de 60°C, 3 m³ d’ECS à 41°C correspondent à 1.9 m³ d’ECS à 60°C.

Cependant, nous prenons une marge de sécurité en arrondissant à 2 m³ de consommation d’ECS à 60°C, ce qui nous donne un ratio de consommation de 25 litres d’ECS à 60°C par lit et par jour. À titre de comparaison, dans la littérature, ce ratio de consommation est estimé à 40 litres d’ECS à 60°C par lit et par jour, pour une maison de repos.

Profil journalier des besoins en eau chaude

Le profil journalier de consommation d’ECS est illustré par l’histogramme de la figure ci-dessous. Les barres en rouge foncé représentent les mesures, celles en bleu clair représentent une estimation de cette consommation car les mesures n’ont pas pu être relevées pour ces plages horaires nocturnes. L’estimation se base sur le profil de température (à une chute de température correspond un puisage important) et sur les habitudes du personnel (bains et toilette des résidents le matin et faible consommation en soirée), tel que la somme de ces estimations soit égale à la quantité d’eau prélevée qui a été mesurée durant ces plages horaires.

En outre, cette figure montre que l’installation actuelle de production d’ECS ne fonctionne pas de manière optimale. En effet, nous constatons de nombreuses relances des résistances électriques en journée, à un tarif électrique très désavantageux pour la maison de repos. Ces périodes de relance sont représentées par une hausse de la température en sortie des ballons d’ECS. Il est également étonnant que la consigne des 60°C ne soit pas respectée lors du réchauffage de l’ECS la nuit.

Profil journalier de consommation d’ECS et profil journalier de température (mesures et estimations).

Dans la suite du rapport, nous considérons que ce profil journalier se répète de manière cyclique tous les jours de l’année.

Profil hebdomadaire des besoins en eau chaude

Le profil hebdomadaire a été obtenu à partir de la première période de mesure (du 18 au 25 janvier 2002).

Profil hebdomadaire mesuré de consommation d’ECS à 60°C.

Nous remarquons que la consommation d’eau chaude sanitaire est quasi constante d’un jour à l’autre, excepté le dimanche. Pour cette semaine, la consommation moyenne d’eau chaude à la température de référence de 60°C est de 1.9 m³ par jour. Par la suite, nous supposerons un profil hebdomadaire de 7 jours de consommation égale à 2 m³ d’ECS à 60°C par jour, et ce pour toutes les semaines de l’année.

Variations mensuelles des besoins en eau chaude

Le profil mensuel de consommation d’ECS à 60°C considéré dans ce rapport est illustré ci-dessous. Ce profil a été obtenu en multipliant le nombre de jours compris dans un mois par le ratio de consommation de 2 m³. Ainsi, la maison de repos La Charmille consomme annuellement 730 m³ d’ECS à 60°C.

Profil annuel type de consommation d’ECS à 60°C.


Descriptif du système solaire proposé

Stratégie de conception de l’installation

L’étape suivante consiste concevoir l’installation solaire thermique de production d’eau chaude en fonction des besoins en eau chaude déterminés ci-dessus.

Le système solaire proposé tient compte des contraintes techniques (place disponible, orientation de la toiture…) ainsi que des opportunités présentes pour l’intégration d’un système solaire dans l’installation existante (travaux de rénovations en cours, adéquation des besoins…).

Contraintes et opportunités

Les différentes contraintes et opportunités techniques et/ou architecturales concernent essentiellement :

  •  l’installation des capteurs (surface disponible, orientation, ombrage, accès…),
  •  l’installation des ballons de stockage (place disponible, accès…),
  •  l’appoint (électrique, gaz, mazout, cogénération…).

Installation des capteurs solaires

Contraintes

Le toit plat de la maison de repos La Charmille est séparé en deux par un local technique, comprenant les moteurs des ascenseurs, créant un ombrage sur la portion de toit située au nord de ce local. De cette façon, la surface horizontale disponible est limitée à la partie de toit située au sud du local technique, soit 230 m².

Généralement, la surface des capteurs qu’il est possible de poser sur un toit plat, en évitant l’ombrage des champs de capteurs entre eux, est égale à la moitié de la surface du toit. En terme de surface installée de capteurs, cette contrainte se traduit par une surface maximale de 115 m².

Comme nous le verrons par la suite, d’un point de vue économique, la surface optimale de capteurs se trouve bien en-dessous de cette contrainte.

Opportunités

Étant donné que la portion de toiture pressentie est plate et n’est soumise à aucun ombrage, il est possible de choisir l’orientation et l’inclinaison optimale des champs de capteurs.

Installation des ballons de stockage

Contraintes

Aucune contrainte pour l’installation des ballons de stockage dans le local technique du sous-sol n’a été inventoriée.

Par contre, nous déconseillons l’installation des ballons de stockage dans le local technique du toit, où la place disponible est réduite et d’accès difficile.

Opportunités

Étant donné la vétusté de l’installation de production d’ECS existante (un ballon hors service et un deuxième qui menace de percer) et le souhait du gestionnaire d’effectuer des économies d’énergies et financières (production d’ECS et chauffage électrique), un projet de rénovation est en cours. Le moment est donc bien choisi pour évaluer la pertinence d’un système solaire de production d’eau chaude.

Le local technique du sous-sol est suffisamment spacieux (4 ballons de 1 000 litres chacun sont déjà installés) et l’accès est aisé (porte d’environ 2 m de large sur 2 m de haut).

Appoint

Contraintes

Actuellement, l’appoint ne peut être qu’électrique. Outre le coût plus élevé du kWh électrique par rapport au kWh gaz, cet appoint exige, si l’on désire faire fonctionner les résistances au tarif exclusif nuit, un surdimensionnement important du volume de stockage. En effet, il faut qu’en début de journée les ballons de stockage soient chargés au maximum afin d’assurer la satisfaction des besoins en ECS tout au long de la journée. Il faut qu’ils contiennent, dans le cas présent, minimum 3 000 litres d’eau à 60°C (correspondant au pic de consommation mesuré) majoré d’un facteur de surdimensionnement tenant compte des pertes thermiques de la boucle sanitaire et des ballons eux-mêmes.

Opportunité

Étant donné qu’une conduite de gaz passe juste devant la maison de repos La Charmille et qu’il s’avérerait très intéressant d’y installer le chauffage central, il serait plus judicieux d’ assurer l’appoint du système solaire par un échangeur raccordé à la chaudière au gaz. C’est cette option qui sera considérée dans la suite du rapport.


Schéma technique de l’installation

Pour la maison de repos La Charmille et selon la stratégie de conception adoptée, le schéma ci-dessous présente le système solaire optimal pour le préchauffage de l’eau sanitaire.

Schéma technique de l'installation

Schéma de l’installation solaire thermique proposé pour la production d’eau chaude.

D’autres schémas sont possibles, mais celui-ci présente une approche couramment utilisée. Le schéma est expliqué en détail ci-dessous.

Les composants du système solaire présenté peuvent être groupés en 5 catégories.

1. Les capteurs solaires

Pour la production d’eau chaude sanitaire nous choisirons des capteurs plans atmosphériques. En effet, des capteurs solaires sous vides ne conviennent bien souvent que pour des applications à hautes températures ou lorsque la surface disponible en toiture est limitée, ce qui n’est pas le cas de la maison de repos La Charmille. Les capteurs sous-vide possèdent des performances supérieures pour une même surface installée. Cependant, ces capteurs sont, à production identique, plus chers que des capteurs plans atmosphériques.

2. Le circuit primaire

Le circuit primaire est un circuit fermé composé de tuyauteries, généralement en cuivre, qui relient le capteur (13) à un échangeur de chaleur (6) externe au ballon de stockage solaire (23).

Typiquement, pour les grands systèmes solaires, au-delà de 30 m² de capteurs, un échangeur de chaleur externe est utilisé. En effet, les puissances importantes mises en jeu nécessitent de grandes surfaces d’échange. Il n’est cependant pas rare de rencontrer des ballons de stockage solaires à échangeur interne, même pour ces grands systèmes. Ce choix est à discuter avec le fournisseur.

Le circuit primaire, relatif à l’installation sous pression, est totalement rempli d’un fluide caloporteur résistant au gel. On pourrait également travailler avec de l’eau pure non glycolée dans le cas d’un système à vidange. Dans ce cas précis, on peut omettre le vase d’expansion car le circuit primaire n’est pas mis sous pression, mais il faut prévoir la place pour installer le réservoir à vidange entre le champ des capteurs et le ballon de stockage solaire. Le choix d’un système « sous pression » ou « à vidange » peut encore s’effectuer lors de la rédaction du cahier des charges ou même lors de l’adjudication.

Le circuit primaire est muni des accessoires suivants :

  • Une soupape de sécurité (9) munie d’un manomètre destinée à évacuer les surpressions en cas de surchauffe de l’installation. Cette vanne est raccordée à un réservoir de collecte du fluide caloporteur avec anti-gel pour éviter tout rejet toxique dans le réseau d’égout.
  • Un vase d’expansion (10), placé du côté aspiration de la pompe de circulation, chargé d’absorber les différences de volume et de récolter la totalité du fluide caloporteur expulsé des capteurs en cas de surchauffe.
  • Une pompe de circulation (12) assurant la circulation du fluide caloporteur dans le circuit.
  • Un purgeur manuel (14) permettant d’éliminer l’air en partie haute du circuit lors du remplissage et des entretiens.
  • Un clapet anti-retour (18) pour éviter la formation d’un contre-courant de thermocirculation qui déchargerait le ballon de stockage solaire de sa chaleur.
  • Plusieurs vannes d’isolement (11) et (16) pour isoler les composants principaux du système en cas d’entretien ou de remplacement.
  • Un robinet (8) permettant le remplissage et la vidange du circuit en fluide caloporteur.

3. Le circuit d’eau sanitaire

En amont des ballons de stockage, le circuit d’eau sanitaire est équipé des dispositifs suivants :

  • Une vanne d’arrêt (1) permettant d’isoler le chauffe-eau solaire du réseau de distribution d’eau sanitaire.
  • Une soupape de sécurité (4) destinée à protéger le circuit des surpressions.
  • Un robinet (5) permettant de vidanger l’installation.

Le risque de fuite de liquide caloporteur du circuit primaire au niveau de l’échangeur de chaleur externe ne pouvant être totalement exclu, le réseau d’eau froide sanitaire doit être protégé de toute contamination par le fluide caloporteur. L’alimentation en eau sanitaire est donc équipée du dispositif suivant :

  • Un disconnecteur non contrôlable à zones de pression différentielle (2) interdisant le retour de l’eau sanitaire du ballon de stockage solaire vers le réseau.

Précisons que ce disconnecteur, les soupapes et robinet de vidange sont raccordés à des réservoirs de collecte du fluide caloporteur (3), l’évacuation directe vers les égouts étant interdite, vu la toxicité de ce fluide.

Les deux ballons de stockage ont une fonction différente : le premier (23), alimenté par le circuit de transfert (19), stocke temporairement l’énergie apportée par l’échangeur (6), tandis que le deuxième (28) permet, grâce à l’appoint, de disposer d’une eau à la température souhaitée, quelles que soient les conditions d’ensoleillement.

Le circuit d’eau sanitaire est également pourvu des composants suivant :

  • Une vanne thermostatique à trois voies (24) dirigeant l’eau sortant du ballon de stockage solaire, en fonction de sa température, soit vers l’installation de chauffe complémentaire, soit directement vers les points de puisage.
  • Une conduite (25) permettant de by-passer le ballon d’appoint pré-existant chaque fois que le ballon de stockage solaire peut assurer seul la satisfaction des besoins en eau chaude.
  • Une conduite (27) équipée d’une vanne on/off motorisée et d’un circulateur reliant la partie haute du ballon d’appoint à la partie basse du ballon de stockage solaire.
  • Une conduite (29) équipée d’un clapet anti-retour et d’un circulateur permettant de transférer l’eau chaude du premier ballon (23) au second (28).

En outre, en cas d’ensoleillement important (été), l’eau chaude sanitaire peut sortir du ballon de stockage solaire (23) à une température supérieure à la consigne (soit 60°C pour la maison de repos La Charmille). Afin d’éviter tout risque de brûlure aux points de puisage, l’installation est donc munie du dispositif suivant :

  • Une vanne thermostatique à 3 voies (22) mélangeant de l’eau froide à l’eau chaude de façon à produire de l’eau à une température maximale égale à la consigne de 60°C.

4. Régulation

L’installation solaire thermique de production d’eau chaude est totalement automatisée. Ce système possède trois organes de régulation (généralement contenu dans un seul boîtier), chacun ayant une mission qui lui est propre :

  • Un appareil de régulation (17) pour le circuit primaire, qui commande le circulateur (12) et celui du circuit de transfert (19).
  • Un appareil de régulation (26), qui commande la vanne et le circulateur de la conduite (27).
  • Un appareil de régulation (31) commandant le circulateur de la chaudière (30) et le circulateur de la conduite (29).

Les règles de décision de ces 3 organes de la régulation seront explicitées dans le fonctionnement du système solaire.

5. L’appoint

Les panneaux solaires ne peuvent à eux seuls satisfaire l’entièreté des besoins en eau chaude. Un système solaire comprend donc toujours une connexion à un appoint. Dans le cas présent, l’appoint sera assuré par une chaudière au gaz (30) qui chauffe le ballon d’appoint (28).


Fonctionnement du système solaire

Toujours sur base du schéma technique général, nous allons passer en revue la régulation du système solaire.

1. Régulation du circuit primaire

Le principe qui régi la régulation est de véhiculer l’énergie contenue dans les capteurs (13) vers le ballon de stockage solaire (23) de façon à maximiser la production solaire.

Le circulateur (12) du circuit primaire et celui du circuit de transfert (19) sont mis en marche lorsqu’une différence de température supérieure à la consigne de démarrage programmée dans la régulation (17) est mesurée entre la sonde capteur (15) et la sonde en fond de ballon de stockage solaire (20). typiquement, cet écart de température est de l’ordre de 5 à 10°C. La régulation met les deux circulateurs à l’arrêt dans deux cas :

  • Soit, pour un ensoleillement trop faible, lorsque la différence de température est inférieure à la consigne d’arrêt (typiquement 2°C et en tout cas toujours inférieure à la consigne de démarrage pour éviter des conflits de régulation c.-à-d. marche – arrêt intempestif).
  • Soit, pour un ensoleillement trop abondant, lorsque la température en pied de ballon de stockage solaire dépasse la température limite programmée dans la consigne. Cette température varie entre 60 et 75°C selon le fournisseur.

De par sa conception, une installation à circuit primaire classique sous pression peut atteindre des températures de fonctionnement supérieures à 100°C (jusqu’à 130°C avec une pression de 6 bars). De ce fait, certains constructeurs équipent leurs installations d’une autre sonde de température (21) positionnée en tête de ballon de stockage solaire. Dans ce cas la mise à l’arrêt en cas de surchauffe est commandée lorsque la température mesurée par cette sonde atteint 95°C.

2. Régulation des ballons de stockage

Les ballons de stockage ne nécessitent pas de régulation particulière, ils chauffent et refroidissent selon les apports et les soutirages d’eau chaude.

Cependant, une désinfection thermique du ballon de stockage solaire doit être prévue afin d’éviter les risques de légionellose. La régulation des ballons de stockage gère la conduite (27) permettant d’assurer cette désinfection thermique. Cette désinfection consiste à porter l’ensemble du ballon de stockage solaire à une température de 60°C par transfert d’eau chaude provenant du ballon d’appoint. Pour ce faire, la vanne motorisée est ouverte et le circulateur du circuit (27) est mis en fonctionnement jusqu’à obtenir la température requise en tête de ballon de stockage solaire. La manœuvre est commandée par la régulation (26) raccordée à une horloge programmable. En effet, pour la prévention de la prolifération de légionelles, il est recommandé de porter l’ensemble du ballon de stockage solaire à 60°C toutes les 24 heures.

3. Régulation de l’appoint

Finalement, le troisième organe de régulation (31) commande l’appoint. Le système d’appoint assure la fourniture constante d’eau à la température de consommation requise. La chaudière est également commandée par la régulation de l’appoint pour la désinfection thermique du ballon de stockage solaire, indépendamment des prélèvements aux points de puisage.


Pré-dimensionnement du système solaire

Méthodologie

La méthodologie suivie pour le pré-dimensionnement du système solaire est la suivante :

  • Détermination d’une dimension du système permettant de répondre aux besoins en tenant compte des contraintes techniques et architecturales.
  • Recherche du dimensionnement optimal du point de vue économique. Les deux variables considérées sont la superficie des capteurs et le volume de stockage.

Cet ajustement est réalisé en effectuant plusieurs simulations avec le logiciel suisse Polysun 3.3 Plus (version 2001) et tient compte du coût des composants du système solaire.

Le paramètre calculé est le coût du kWh d’eau chauffée par le système solaire (hors appoint). Le coût du kWh solaire le plus faible détermine la dimension optimale du système solaire.

Hypothèses de calcul

Les hypothèses de calcul concernent essentiellement la consommation d’eau chaude sanitaire.

  • La maison de repos La Charmille consomme 2 m³ d’ECS à 60°C par jour, soit 116 kWh par jour.
  • Le profil hebdomadaire correspond à 7 jours de consommation constante égale à 2 m³.
  • Le profil mensuel de la figure 7 est pris en compte pour la simulation.
  • La consommation annuelle d’ECS à 60°C est de 730 m³, soit une énergie équivalente de 42 340 kWh.
  • L’eau froide qui entre dans le système a une température égale à 10°C.
  • L’existence d’une boucle d’ECS entraînant des pertes d’environ 13 135 kWh par an.Les caractéristiques suivantes ont été considérées :longueur : 200 m,
    diamètre : 50 mm,
    delta de température : 40°C, isolation en laine minérale de 40 mm d’épaisseur,
    fonctionnement : de 5h à 22h, soit un total de 6 570h par an.

Paramètres de simulation

Les paramètres de simulation se rapportent au système solaire : les conditions d’ensoleillement, les capteurs, les ballons de stockage, la  puissance de la chaudière d’appoint, …

Conditions d’ensoleillement

Les conditions d’ensoleillement correspondent à une année météorologique type en région namuroise (données fournies par le logiciel de simulation : Météonorme 95 valeurs horaires).

Capteurs solaires

  • Orientation optimale, plein sud.
  • Inclinaison optimale de 40° par rapport à l’horizontale.
  • Aucun ombrage des capteurs (par des arbres, bâtiments ou collines, ou par les rangées successives de capteurs).
  • Capteurs plans atmosphériques : h= 0.8060, h= 3.551 W/m²K et = 0.013 W/m²K (moyenne de trois marques réputées de capteurs, proposées sur le marché wallon).

Ballons de stockage

  • Le ballon de stockage solaire possède un échangeur de chaleur externe et est isolé par 150 mm de laine de verre.
  • Le ballon de stockage d’appoint possède un échangeur interne et est isolé par 150 mm de laine de verre.

Chaudière d’appoint au gaz

  • Puissance nominale de 250 kW (fixée arbitrairement).
  • Consigne de marche : 60°C, consigne d’arrêt : 65°C.

Schéma du système solaire simulé

Le schéma proposé par Polysun (le plus proche du schéma souhaité) est illustré ci-dessous. Les chiffres de surface de capteurs et de volume de stockage concernent les dimensions optimales du système solaire pour la production d’ECS.

Schéma du système solaire simulé avec Polysun.

Premier dimensionnement

Généralement, pour une première estimation de la surface de capteurs nécessaires pour couvrir une fraction des besoins en ECS, il est d’usage de diviser la consommation d’ECS à 60°C par jour, exprimé en litres, par le facteur 75, tel que le montre la formule suivante :

où :

  • Scapteurs = Surface des capteurs selon un premier dimensionnement (en m²).
  • VECS à 60°C = Volume d’ECS consommé par jour à 60°C (en litres).

Ce premier dimensionnement nous donne une surface de capteurs d’environ 27 m³.

De même, pour estimer le volume de stockage correspondant à cette superficie de capteurs, il est d’usage de multiplier cette surface par le facteur 20 (dans le cas d’une maison de repos), tel qu’illustré par la formule suivante :

où :

  •  Vstockage= Volume de stockage du système solaire (en litres).

Ce premier dimensionnement nous donne un volume de stockage solaire égal à 540 litres.

Dimensionnement optimal pour la production d’ECS seule

Estimation du coût du système

L’optimisation du dimensionnement s’effectuant selon une recherche du coût minimum du kWh solaire, il est nécessaire d’évaluer ce coût.

Pour ce faire, nous avons demandé à différents fournisseurs de réaliser un devis pour 4 dimensions différentes du même système solaire.

Les coûts des composants repris dans ce rapport font la moyenne des prix proposés par deux fournisseurs ayant répondu favorablement, majorée de 4 %.

Le tableau ci-dessous indique un coût moyen par poste principal.

Les prix sont exprimés en € et s’entendent hors TVA. La main d’œuvre pour le montage de l’installation est comprise dans le prix. Il s’agit d’un ordre de grandeur donné à titre d’information.

Coût moyen d’un système solaire par poste principal.

Surface optimale

Le tableau ci-dessus montre que la surface installée de capteur est le facteur qui influence le plus largement les coûts. Nous allons donc, en premier lieu, estimé la surface optimale de capteurs qu’il faut installer à la maison de repos La Charmille.

Une première série de simulations ont été effectuées pour quatre surfaces de capteurs (25, 50, 75 et 100 m²) et pour le même volume de stockage  2 000 litres au total). Le logiciel Polysun fournit l’apport solaire annuel (en kWh/an) pour ces quatre superficies de capteurs.

Ensuite, il faut calculer le coût du kWh solaire. Pour ce faire, on considère une durée de vie réaliste du système de 25 ans. La formule permettant de calculer ce coût est la suivante :

où :

  • CkWh solaire = coût du kWh solaire (en € / kWh )
  • INV = Investissement total du système solaire (en €)
  • = durée de vie escomptée du système solaire (en année)
  • AkWh solaire = apport solaire annuel (en kWh / an)

Finalement, cette formule, appliquée aux quatre surfaces de capteurs considérées (25, 50, 75 et 100 m²), donne le coût moyen estimé du kWh solaire :

Optimisation de la surface de l’installation qui minimise le coût moyen du kWh solaire.

Nous remarquons qu’à l’optimum économique, soit une surface de capteurs d’environ 50 m², le coût du kWh solaire est d’environ 0,072 €.

Volume de stockage optimal

Nous allons à présent déterminer l’optimum économique du volume de stockage du système solaire correspondant à la surface de capteurs optimale (50 m²). nous calculons le coût moyen du kWh pour quatre volumes différents, à savoir 1 500, 2 000, 3 000 et 4 000 litres, le coût du stockage solaire est estimé quant à lui à environ 3 300 € par 1 000 litres.

D’après les résultats de simulation, le volume de stockage correspondant à l’optimum économique est d’environ 2 000 litres au total, soit 1 000 litres pour le ballon de stockage solaire et 1 000 litres pour le ballon de stockage d’appoint.

Cet optimum pour le volume de stockage est illustré ci-dessous.

Optimisation du volume de stockage qui minimise le coût moyen du kWh solaire.

Conclusion

Pour la production d’ECS à la maison de repos La Charmille, les dimensions optimales du système solaire, du point de vue économique, sont les suivantes :

  • Une surface installée de capteurs d’environ 50 m²,
  • et un volume de stockage d’environ 2 000 litres (1 000 litres pour le ballon de stockage solaire et 1 000 litres pour le ballon de stockage d’appoint).

Faisons remarquer que si l’appoint est électrique et que l’on désire faire fonctionner les résistances sur le tarif exclusif nuit, il faudra majorer le volume stockage d’appoint d’environ 3 à 4 000 litres.

À noter qu’il s’agit d’un optimum économique. Il est tout à fait possible d’installer une superficie de capteurs plus importante, qui aura l’avantage d’augmenter l’économie en énergie primaire et donc de réduire davantage les émissions de CO2 pour la production d’ECS à la maison de repos La Charmille.


Bilan de l’opération

Bilan énergétique

Fraction de l’énergie utile non fournie par l’appoint (en %)

L’énergie utile Qu représente la quantité de chaleur qui a été nécessaire pour chauffée l’eau consommée. Cette valeur tient compte des pertes du circuit solaire (tuyaux, pompe, capteurs, …), des pertes de stockage et de l’énergie auxiliaire qui a du être fournie par le chauffage d’appoint. Si l’on retire de Qu la partie fournie par l’appoint Qaux.net, et que l’on rapporte cette quantité obtenue par l’énergie utile Qu, nous obtenons la fraction solaire utile, soit le fraction de l’énergie utile qui n’a pas dû être fournie par l’appoint, telle que le montre la formule suivante :

Pour le système solaire possédant les dimensions optimales, l’énergie utile nécessaire pour produire 730 m³ à 60°C est de 56 570 kWh/an (pertes comprises). L’énergie auxiliaire de l’appoint est de 33 668 kWh/an.

Ainsi, la fraction solaire utile est de 40.5 % telle que le montre la formule suivante :

Économie d’énergie primaire

Cette énergie fournie chaque année par le rayonnement solaire ne doit pas être produite par la chaudière. S’agissant d’une chaudière au gaz à haut rendement dont le rendement annuel global est égal à 80 %, l’économie d’énergie primaire réalisée est de 28 627 kWh/an, d’après la formule suivante :

Un m³ de gaz ayant un PCI d’environ 10 000 Wh/Nm³, le système solaire permet d’économiser 2 863 m³ de gaz par an.

Bilan économique

Estimation du coût du kWh solaire

Le coût du système solaire optimal est de 40 682 € HTVA, hors subsides, main d’œuvre comprise. Ce système solaire permet de produire 22 902 kWh/an par le soleil. Ainsi, comme mentionné précédemment, le coût du kWh solaire est d’environ 0,072 € avec une durée de vie du système estimée à 25 ans.

Gain économique

Au prix du gaz de 2001, soit environ 0.31 €/m³ (tarif ND2), le gain économique annuel consécutif à l’installation du système solaire est d’environ 887 €, correspondant à une réduction de la facture de 40.5 % pour la production d’ECS.

L’avantage économique majeur du système solaire réside dans le prix constant du kWh solaire. Alors que, pour les énergies fossiles, les scénarios les plus réalistes tablent sur une augmentation des prix de ces énergies dans les prochaines années. Comme nous l’avons constaté entre 1998 et 2001, le prix du gaz a augmenté de 41 % en 3 ans ! Il va de soi que si le prix du gaz double, l’économie financière réalisée est également doublée.

À noter que les éventuelles primes et subsides que la maison de repos La Charmille peut obtenir pour l’installation d’un système solaire de production d’eau chaude ne sont pas prises en compte dans les calculs de coût du kWh solaire ni du gain économique.

Bilan environnemental

Émissions de CO2 évitées

Le facteur d’émission du gaz naturel est de 249 grammes de CO2 par kWh d’énergie primaire.

Ce facteur, issu du Décret du 12 avril 2001 relatif à l’organisation du marché de l’électricité en Wallonie, tient compte des émissions de CO2 liées à la production du gaz naturel. Le système solaire permet une réduction de 5 659 kg de CO2 chaque année, soit un total de 141 tonnes sur la durée de vie du système (25 ans).

Nous pouvons également calculer le coût des émissions de CO2 évitées en divisant le coût total du système solaire par la réduction de CO2.

Le système solaire optimal coûte 40 682 € (hors subsides) et permet d’éviter l’émission de 141 tonnes de CO2 sur 25 ans. Le coût des émissions de CO2 évitées est par conséquent de 288 €/tonne.

Autres Impacts

Les autres impacts positifs d’un tel projet résident dans la visibilité du système solaire, rejaillissant sur l’image « durable » de la maison de repos La Charmille, ainsi que dans l’aspect didactique de l’installation : le personnel pourra s’apercevoir de l’intérêt évident et de la facilité de fonctionnement d’une installation solaire de production d’eau chaude.

En outre, la maison de repos La Charmille se positionnera parmi les premiers projets de maison de repos « solaire » de la nouvelle génération.


Contrôle des performances

Garantie de Résultats Solaires

Appliquée à la production collective d’eau chaude sanitaire, la Garantie de Résultats Solaires correspond à un engagement contractuel de fourniture d’énergie thermique d’origine solaire pour un besoin donnée d’ECS. Cette garantie permet à l’auteur de projet d’avoir un seul interlocuteur qui représente solidairement le fournisseur, le bureau d’études et l’installateur. Comme toute garantie, si le consortium ne respecte pas ses engagements, il devra dédommager l’auteur de projet. Cette garantie, d’ailleurs proposée par certains fournisseurs en Belgique, est vivement conseillée.

Monitoring

Les fournisseurs peuvent également assurer, en dehors de la garantie de résultats solaires, le monitoring du système solaire (mesures énergétiques, acquisition et transfert des données). Le monitoring a l’avantage de faire connaître avec précision l’apport solaire pour le pré-chauffage de l’eau mais également de déceler tout dysfonctionnement du système ou une consommation anormale de l’établissement.


Ce qui a été réalisé

En 2003 les travaux furent entrepris et l’installation entra en service en mai à la grande satisfaction des utilisateurs.

Les installations

L’installation réellement mise en place fut légèrement différente de ce qui avait été prévu.

  • 75 m² de capteurs furent placés au lieu de 50 m² : 32 panneaux de 2.32 m² utiles.

32 panneaux de 2.32 m².

  • Le circuit primaire ne fut pas installé. Il fut remplacé par des ballons de stockage solaire à échangeur interne. Il n’y donc pas d’échangeur de chaleur externe. De plus, le système n’est pas « sous pression » mais « à vidange gravitaire ». De cette manière, dès que les pompes s’arrêtent le circuit extérieur se vide dans des réservoirs de stockage et tous les risques de gel des installations disparaissent. Cela nécessite cependant beaucoup de soin dans la mise en place afin qu’à tout endroit il y ait une pente suffisante vers les réservoirs. Toute contrepente est à proscrire.

La pente des canalisations permet la vidange automatique à l’arrêt.

Les réservoirs à vidange.

  • Trois ballons de stockage solaire de 1 000 litres furent installés.

Trois ballons de stockage de 1000 litres = 3000 litres.

  • L’appoint se faisant en série, l’eau passe ensuite dans deux ballons de 850 litres qui permettent grâce à l’appoint fourni par le chauffage central de disposer d’une eau à la température souhaitée. Un des ballons est dédié à la fourniture de l’eau chaude sanitaire à 45 °C, l’autre à l’eau chaude de cuisine à 60 °C. Des vannes mélangeuses thermostatiques à trois voies règlent la température des boucles de distribution.

Photo deux ballons de 850 litres branchés.

Deux ballons de 850 litres branchés sur le chauffage central permettent grâce à l’appoint de disposer d’une eau à température souhaitée quelles que soient les conditions d’ensoleillement.

Les radiateurs électriques à accumulation installés dans le bâtiment ont été remplacés par un chauffage central au gaz. Deux chaudières de 290 kW chacune ont été placées dans un local technique en toiture. Le choix de cet emplacement a été justifié par des raisons pratiques de sécurité et par l’absence de cheminée déjà existante. Ce sont ces chaudières qui fournissent l’appoint en eau chaude sanitaire. La puissance de ces chaudières est largement suffisante, car le bâtiment, bien qu’ancien, est thermiquement isolé. L’isolation doit sa présence au chauffage électrique qui a été installé à l’origine de l’immeuble.

Les deux chaudières de 290 kW.

Les rendements

Mis à part quelques réparations effectuées sous garantie en début de fonctionnement, l’installation s’est révélée fiable et facile d’usage. Dès 2004 la production solaire atteignait 29 000 kWh soit environ 380 kWh/m². Depuis, la production tourne autour des 35 000 kWh par an.

Grâce aux subsides, l’installation a été amortie en deux ans. Il en aurait fallu vingt sans les subsides !

Un deuxième home du CPAS de Gembloux, situé à Grand-Leez a été équipé d’un système semblable tout aussi efficace.